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COP27 et l'égalité des genres : à quoi s'attendre

Sayed Sheasha via Reuters

Écrit par Taís Serra Montani and Annia Kline, Agentes de Communication à EmpoderaClima

Cette semaine, COP27 démarre à Charm el-Cheikh, en Égypte. La pression d’inclure le thème de  l’égalité des sexes dans les négociations sur le climat est élevée, car lors de la conférence de l'année dernière, les femmes n'occupaient que 33% de tous les postes des ‘corps constitués’. Une tendance similaire a été observée lors de la COP25 et de la COP24, ce qui souligne l'absence de progrès concernant la distribution entre les genres dans l'espace politique climatique. La surreprésentation des hommes dans les conférences jusqu'à présent, a non seulement augmenté les frustrations mais aussi les attentes pour le début de la 27e COP ce novembre. La soi-disant « COP africaine » pourrait être la plus ambitieuse de toutes les COP, en question de l'égalité des sexes dans l'action climatique.

Le genre et la justice climatique ont un lien intersectionnel. L'action climatique et l'égalité des sexes sont des termes de plus en plus courants dans le monde politique. Cependant, à cause du changement climatique, l'interdépendance entre ces deux concepts change constamment avec les nouveaux impacts auxquels la société est confrontée.

En bref, la justice climatique reconnaît les vulnérabilités uniques auxquelles les groupes sous-représentés et minoritaires sont confrontés en raison des inégalités mondiales et elle identifie comment ces groupes sont, par conséquent, touchés de manière disproportionnée par la crise climatique. Par exemple, les filles et les femmes de nombreux pays en voie de développement doivent aider leur famille pendant les périodes de sécheresse, ce qui les oblige à arrêter d'aller à l'école pour s'acquitter de ces responsabilités sociétales.

Dans certains cas, ces femmes doivent parcourir de très longues distances pour accéder à une source d'eau, et le scénario de vulnérabilité s'aggrave une fois que l'on ajoute les identités intersectionnelles de celles qui appartiennent à la communauté LGBTQIA+ et/ou aux communautés autochtones et locales. En termes de déplacement dû au changement climatique, les femmes représentent 80% des victimes.

Lorsque nous envisageons des négociations mondiales sur le climat, la justice climatique et l'égalité des sexes devraient être au centre des accords internationaux. Le scénario mondial des crises illustre clairement ce besoin : la pandémie de COVID-19 a renforcé les inégalités entre les sexes et les inégalités sociales, en augmentant les niveaux de pauvreté des femmes et des filles dans le monde. Cependant, l’intégration actuelle de l’aspect intersectionnel de l'inégalité entre les sexes lors des conférences mondiales ne suffit pas, y compris les négociations sur le climat de la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques.

En 2022, depuis la 56e session des organes subsidiaires de l'ONU (SB56, qui a eu lieu en juin, et vous pouvez en savoir plus sur la participation d'EmpoderaClima ici), les développements actuels de la crise climatique et ses effets sur la multiplication des inégalités ont été profondément discutés. Les attentes de la COP27 sont que les discussions sur le genre ne feront que gagner en profondeur et en gravité, en particulier grâce au rôle de la société civile.

La COP27 représente une opportunité cruciale pour les gouvernements et les représentants de agir par l'exemple vers la justice climatique. Il est essentiel d'inclure les groupes minoritaires dans ces espaces de haut niveau, pour promouvoir l'égalité des sexes et la justice sociale au niveau mondial, en particulier en ce qui concerne l'atténuation et l'adaptation au changement climatique.

Plus précisément, cette année, la société civile dans ses diverses capacités (comme par le WGC - The Women and Gender Constituency of the UNFCCC), s'attend à des résultats plus ambitieux pour le renouvellement du plan d'action sur le genre (GAP).

Certaines des demandes principales définies par les femmes et les représentants de la société civile pour la COP27, sont de :

  • Renforcer le leadership climatique des femmes autochtones dans le cadre de la CCNUCC ;

  • Assurer une transition juste, sensible au genre, vers une économie à faibles en émissions de carbone ;

  • Reconnaître l'impact auquel confrontées par les communautés de première ligne, y compris les femmes et les filles, et les peuples autochtones, avec l'augmentation des pertes et dommages ;

  • Répondre au rôle essentiel que jouent les femmes et les filles dans la promotion des modèles agro-écologiques ;

  • Reconnaître le manque de financement climatique destiné aux femmes et aux communautés autochtones ;

  • Appliquer une approche socialement juste à l'action climatique qui inclut la santé, et les droits sexuels et reproductifs - puisque le changement climatique affecte également l'accès des femmes et des filles à ces droits.

Concernant les prochaines étapes qu’on doit franchir face à la crise climatique, cette conférence est très importante, particulièrement pour l’application d’une optique de justice et pour developper une transition équitable, qui prend en compte le genre. Le succès de cette transition équitable dépend fortement des efforts vers une économie durable qui insiste sur l’inclusion des femmes. L'économie verte que nous visons doit être mise en place avec l'inclusion au centre, sinon, on risque que les conséquences aggravées du changement climatique et d'empirer les inégalités actuelles à tous les niveaux.

Les communautés autochtones et les femmes autochtones, bien qu'elles ne représentent que 6,2 % de la population mondiale, protègent 80 % de la biodiversité actuelle et 25 % de la surface terrestre. Les femmes et les filles ont une participation proportionnellement élevée dans les rôles de relèvement post-catastrophe, d'agriculture à petite échelle et dans les soins. Il est grand temps que nous arrêtions de voir les femmes et les filles, les jeunes militantes, les peuples autochtones et la communauté LGBTQIA+ uniquement comme des victimes du changement climatique. Il est clair que ces individus sont des agents de changement actifs et efficaces pour le développement durable.

Les communautés marginalisées ont inversé le scénario. Ils promeuvent des solutions puissantes pour la réduction, l'atténuation, l'adaptation, les pertes et les dommages des risques environnementaux et climatiques. Leur travail aborde efficacement les problèmes principaux liés à la crise climatique, avec la résilience, la justice, l'autonomisation et la solidarité au premier plan.

EmpoderaClima a travaillé sans relâche avec une équipe dirigée par des jeunes et basée dans les pays du Sud pour permettre davantage aux jeunes de rejoindre l'espace de la justice climatique. Notre équipe est à la COP27, et nous serons sur place et aussi à distance pour suivre les discussions autour de l'égalité hommes-femmes et de l'équité intergénérationnelle dans la politique climatique.

Vous pouvez trouver plus d’informations sur notre travail vers la justice entre les sexes et le climat dans les négociations en consultant notre page COP, et vous pouvez également suivre EmpoderaClima sur Instagram et Twitter. N'oubliez pas de vous inscrire à notre newsletter spéciale pour recevoir les dernières mises à jour sur la COP27 !